- guigne
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• guine 1393; lat. médiév. guina; p.-ê. a. haut all. wîhsila, cf. all. mod. Weichsel « griotte »♦ Petite cerise à longue queue, à chair molle, rouge et très sucrée, dont la forme rappelle celle du bigarreau (⇒ guignier).♢ Loc. fam. Se soucier de qqn, de qqch. comme d'une guigne, très peu, pas du tout.guigne 2. guigne [ giɲ ] n. f. ♦ Fam. Mauvaise chance qui semble s'attacher à qqn. Avoir la guigne; porter la guigne à qqn. ⇒ malchance; fam. guignon, poisse, arg. cerise. Quelle guigne ! ⊗ CONTR. Chance, veine.guignen. f. Cerise noirâtre à chair ferme.|| Loc. Fam. Se soucier de qqch, de qqn comme d'une guigne, ne pas s'en soucier du tout.————————guignen. f. Fam. Malchance. J'ai la guigne!I.⇒GUIGNE1, subst. fém.A. — Petite cerise à longue queue, de couleur rouge ou noire et dont la chair est ferme et sucrée. Où t'en vas-tu croquant des guignes (ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 88) :• La Sarriette était adorable (...). Elle s'était pendu par gaminerie des guignes aux oreilles, des guignes noires qui sautaient sur ses joues, quand elle se penchait, toute sonore de rires.ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 822.B. — Au fig., fam.1. Très petite chose, chose insignifiante. Lui-même, Zola, n'était pas compté par Céard pour une guigne (GONCOURT, Journal, 1888, p. 889).♦ Se soucier, se moquer de qqn (qqc.) comme d'une guigne. N'en faire aucun cas. Je me moque du Popocatepetl comme d'une guigne, comme d'une mouche (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 81). Je me fiche comme d'une guigne d'être invité chez Gazette ou de cesser de l'être (VERCORS ds Poésie 47, n° 38, mars 1947, p. 159).♦ Des guignes! Des clous! (v. ce mot B 5 b). « Il faut mourir peu à peu, balbutiai-je, prendre l'habitude. » — [Le docteur Laville] — « Des guignes! Vous avez suivi cet entraînement, vous? » (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1239).2. [Pour faire comprendre à quelqu'un que son projet est impossible] Je vous paie des guignes si... Synon. je vous paie des cerises, des prunes si... Si vous pouvez vous détacher de moi, je vous paie des guignes (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1162).Prononc. et Orth. : [
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1393 guine « cerise d'un rouge foncé » (Ménagier, Sté des Bibliophiles fr. t. 2, p. 235); 1563 guigne (B. PALISSY, La Récepte Véritable, éd. 1930, p. 96); 2. 1877 se soucier de quelque chose (ou de quelqu'un) comme d'une guigne (ZOLA, Assommoir, p. 138). Orig. obsc. Peut-être de l'a. b. frq. wihsila « griotte »; cf. a. h. all. wîhsela de même sens, m. h. all. wihsel; all. Weichsel « id. ». Cette hyp. fait pourtant difficulté, la présence du -n- en fr. étant inexpliquée. La mouillure du -n- est due à l'infl. du nom de l'arbre de guignier. Cf. FEW t. 17, p. 582 a.
DÉR. Guignier, subst. masc. Cerisier qui produit des guignes. C'est le verger; ses guigniers étoilés d'escarboucles (...) ses pommiers dont les derniers pétales épandent sur l'herbe une neige ensoleillée (GENEVOIX, Rroû, 1931, p. 83). — []. Att. ds Ac. 1694-1932. — 1res attest. 1508 guynier « variété de cerisiers » (Comptes de Dépenses du château de Gaillon, éd. A. Deville, p. 291), 1539 guignier (Doc. ds R. Ling. rom., t. 41 [1977], p. 425); du rad. de guigne1, suff. -ier; en a. prov. on trouve guinier dès 1350 (cf. RAYN. t. 3, p. 520 b).
II.⇒GUIGNE2, subst. fém.Fam. Malchance qui semble s'acharner sur quelqu'un. Voilà bien ma guigne! Au lieu de pirates, je trouve des gens du monde (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 58).♦ Avoir la guigne. Être malchanceux. Gresham avait la guigne, jamais il n'arrivait (ZOLA, Nana, 1880, p. 1384).♦ Porter la guigne (à qqn). Le rendre malchanceux. Il [un cocher] porte la guigne à ses voyageurs. Autant il en mène sur le terrain, autant de flambés (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 74).REM. 1. Guignolant, -ante, adj. Contrariant, ennuyeux. C'est guignolant à la fin, je réclame! Je n'en ai pas pour mon argent; c'est mal pesé, je n'ai que des os (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 95). 2. Guignonnant, -ante, Même sens. Ce n'est-il pas guignonnant! dans ce fichu pays de loups, on ne peut rien trouver [à boire] (VIDOCQ, Mém., t. 3, 1828-29, p. 400).Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. [1811 « mauvais sort » ds ESN.]; 1866 porter la guigne (DELVAU, p. 198). Dér. régr. de guignon; cf. FEW t. 17, p. 590b.
STAT. — Guigne1 et 2. Fréq. abs. littér. : 57.1. guigne [giɲ] n. f.ÉTYM. XVe; guine, 1393; bas lat. guina, p.-ê. de l'anc. haut all. Wîhsila; cf. all. mod. Weichsel « griotte ». P. Guiraud rejette cette hypothèse pour le lat. vinea « (fruit) couleur de vin », de vinum (→ Vin).❖1 Petite cerise à longue queue, de chair molle, rouge et très sucrée, dont la forme rappelle celle du bigarreau. || Guigne noire, rouge.♦ ☑ Loc. fam. Vx. Femme fraîche comme une guigne (→ Avenant, cit. 3).2 ☑ Loc. Mod. Se soucier de qqn, de qqch. comme d'une guigne, très peu, pas du tout.1 Quant aux cadeaux de la corbeille (…) elles s'en souciaient comme d'une guigne.Loti, les Désenchantées, III.2 Or, sachez (…) que ces païens qui se soucient, comme d'une guigne, de la vie éternelle, et ne lavent pas plus leur âme que leurs pieds, exigent de leur curé la pluie et le beau temps.R. Rolland, Colas Breugnon, III.♦ Ellipt. ☑ Des guignes ! : rien du tout. → Des nèfles.♦ ☑ Loc. Je te (vous) paie des guignes si… : la chose est invraisemblable.❖DÉR. Guignier, guignolet.HOM. 2. Guigne; formes du v. guigner.————————2. guigne [giɲ] n. f.ÉTYM. 1811; avoir la guigne « loucher », 1864; var. pop. de guignon. → Guigner.❖♦ Fam. Mauvaise chance qui semble s'attacher à qqn. || Avoir la guigne. ⇒ Guignon, malchance; (fam.) cerise, poisse. ☑ Porter, flanquer (cit. 7), foutre la guigne à quelqu'un. || Guigne qui s'acharne (cit. 7) sur quelqu'un. || Une guigne noire. || Quelle guigne !1 Je ne crois pas du tout à la guigne et crois que c'est s'en préserver que de se refuser à y croire.Gide, Journal, 9 févr. 1943.2 Poupaert est un homme du Nord, un garçon qui a souffert tous les malheurs imaginables : femme, santé, famille, courage, tout l'a trahi. Il est devenu comme un spécialiste de la guigne.G. Duhamel, Salavin, I, XV.❖CONTR. Chance; (fam.) pot, veine.DÉR. 2. Guignard.HOM. 1. Guigne; formes du v. guigner.
Encyclopédie Universelle. 2012.